IRMA NIORADZE
DIRECTRICE ARTISTIQUE
Ballerine géorgienne et russe, soliste principale du Théâtre Mariinsky, artiste du peuple de Russie (2011).
Infos
Sa vie aura été un roman avec des drames, des joies et des souffrances. Née à Moscou en 1925 d’une mère actrice au temps du cinéma muet et d’un père ingénieur, Maïa perd ce dernier en 1939. Les purges de Staline jettent un voile sombre sur sa vie. Sa mère est arrêtée et envoyée dans un camp de rééducation par le travail. Maïa est ainsi aux yeux de certains une «fille d’un ennemi du peuple». L’enfant prodige qu’est Maïa Plissetskaïa doit beaucoup à sa tante et son oncle Sulamith et Asaf Messerer membres du Bolchoï qui prendront soin d’elle.
Une vie de danse s’offre à Maïa. Après des études de danse à Moscou elle impose peu à peu son style : bras très fluides, élégance dans l’élévation, elle est la danseuse des rôles lyriques par excellence. La divine brille dans les grands ouvrages du répertoire russe comme Raymonda ou Le Lac des cygnes. Pourtant la soliste fait preuve de caractère au sein du Bolchoï, et après avoir beaucoup donné elle rêve de plus de liberté : il ne s’agit pas pour Maïa Plissetskaïa d’aller voir ailleurs mais bel et bien de danser autre chose. S’en suivra son invitation lancée à Alberto Alonso en 1967 de créer pour elle ce Carmen Suite qui fera rougir les autorités russes.
Celle qui a dansé presque 5 décennies avec le Bolchoï, créé ses propres ballets et dirigé dans les années 80 Le Ballet National d’Espagne avouera dans ses mémoires «Moi, Maïa Plissetskaïa» (Gallimard 1995) son regret de n’avoir pu interpréter plus souvent les maîtres du XXème siècle. A 50 ans passés, elle est sur scène pour Roland Petit ou Maurice Béjart un de ses plus fervents admirateurs. Il voyait en elle la «dernière légende de la danse». Il n’avait sans doute pas tort. «Je suis née à Moscou. Au royaume de Staline. Puisj’ai vécu sous Ktoutchev, Brejnev, Andropov, Tchernenko, Gorbatchev, Eltsine… Et j’aurai beau faire, jamais je ne renaîtrai une seconde fois. Vivons notre vie… Et je l’ai vécue. Je n’oublie pas ceux qui ont été bons pour moi. Ni ceux qui sont morts, broyés par l’absurde. J’ai vécu pour la danse. Je n’ai jamais rien su faire d’autre. Merci à cette nature grâce à laquelle j’ai tenu bon, je ne me suis pas laissé briser, je n’ai pas capitulé.» dira la ballerina assoluta.